ACTE III ( FIN )
Scène I
Avant que les rideaux ne s'ouvrent, le fantôme s'adresse au public, puis se met à prier.
AUGUSTINE --Ah ! Faut pas pousser mémé dans les orties, ça fait des générations que c’est la même histoire.
Bon et ben au moins au S.O.S. J’vais pouvoir être enfin tranquille.
Notre père qui êtes aux cieux,
Que ton nom soit sanctifié,
Que ton règne vienne,
Sur la terre comme au ciel,
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour :
Pardonne-nous nos offenses,
Comme nous pardonnons
A ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous soumets pas à la tentation
Mais délivre-nous du mal.
Car c’est à toi qu’appartiennent
Le règne, la puissance et la gloire,
Pour les siècles des siècles.
AMEN
La prière se fait de plus en plus basse, la voie est lointaine à la fin.
Narrateur :
Nous
sommes en mars 2OO2 dans un centre d'hébergement pour femmes victimes de violences, Rose en est la directrice. Ce n’est pas une inconditionnelle féministe. Bien sûr, elle aussi, il y a quelques années, militait pour
avoir les mêmes droits que les hommes, mais Rose est une fleur, et les fleurs ça s’épanouit. Elle fait partie de ces gens qui parfois percent la voûte céleste, juste le temps d’apercevoir cette lumière d’amour, celle
qu’on a envie de faire partager. Alors, Rose partage, donne, inonde ceux qui l’entourent de cette douceur qui nous fait nous sentir mieux. Rose ne sait pas ce qu’est la violence, elle la constate, elle s’étonne même de
tant de cruauté, Rose est la fleur qui fait naître les femmes.
Marie est psychologue, elle soigne l’esprit, c’est un saint esprit. Celui que nous avons tous, lorsque nous sommes bien, elle a appris ce qu’elle sait
dans les livres, mais tout le monde ne sait pas ce que Marie a appris dans les livres. Alors Marie aide Rose, et Rose aide Marie.
Marie et Rose entrent en scène tout en discutant.
ROSE-Delphine fait ses valises, elle m’a dit que son mari vient la chercher à 14 heures. “ JE PETE LES PLOMBS ”
Marie tout en laissant Rose parler installe deux fauteuils en les rapprochant pour en faire un divan,
puis doucement fait se coucher Rose.
ROSE-Quand on a démarré l’hébergement, et je peux te dire, que cela n’a pas été facile parce que d’autres avaient tenté l’expérience avant nous, tu penses, des
féministes qu’on traitait de lesbiennes ou de hippys. C’est quand on a eu le soutien de quelques femmes qui faisaient leur entrée en politique que ça a commencé à avancer, mais alors tout doucement.
MARIE-Tu ne peux
pas tout changer d’un coup de baguette magique Rose, ça prend du temps de faire évoluer les mentalités.
ROSE-Il est bien là le problème, on n'a pas le temps. Quand les Femmes arrivent, c’est dans l’urgence.
MARIE-Tu prends cela tellement à cœur, tu t'en rends malade, tu ne peux pas tout faire toute seule.
ROSE-Ecoute Marie, au début les mecs étaient interdits de séjour au centre, je fermais les portes à clef. J’étais
rassurée parce que je savais que les femmes étaient en sécurité. Elles avaient leurs clefs. Et puis, je te le donne en mille, qu’est-ce que je voyais à la terrasse des cafés quand je faisais mes courses ? Les nanas avec
leur mec. Atterrée, je me sentais abusée, trahie, en colère. C’est comme ça que j’ai proposé des entretiens de couples.
MARIE-Oui, oui je sais bien.
ROSE-Avec des entretiens de couples on peut cadrer le dialogue, les amener à comprendre qu’ils sont en situation d’échec.
MARIE-Je crois qu’il n’y a pas de solution miracle, et puis peut-être que l’entretien
que l’on propose est perçu autrement, sans doute pensent-ils avoir là, une béquille, qui les soutiendra et les aidera à mieux marcher. Comme une rééducation avant la cassure !
ROSE-Mais attends ; la cassure, elle est déjà de fait, au moment de leur l’arrivée.
MARIE-Dans leur corps et dans leur tête, sans aucun doute, mais certainement pas dans leur cœur.
ROSE-Le cœur, le cœur, mais bien sur, c'est le cœur qui parle.
MARIE--Quand elles arrivent, elles sont brisées, d’ailleurs elles le disent. Elles sont à la recherche d’affection, d’amour...
ROSE-Mais enfin ! Comment pourrait-on faire pour leur faire comprendre ? On a si peut de temps.
MARIE-Quand un couple est en entretien, que dit le mari ? Exactement ce qu’il aurait dit à sa femme à la terrasse du café
! Mi-culpabilité, mi-amour. Elles, rappelons- le, sont en état de choc. Déconnectées, incapable de réagir. ELLES N’ENTENDENT QUE L’AFFECTIF, VECTEUR DE L’ACCESSION AU BONHEUR.
ROSE-Bonheur, cœur. Mais on ne peut quand même pas, “ NOUS ” leur dire je t’aime !
MARIE-Non, bien sûr, mais, ELLES, pourraient se le dire à elles-mêmes. Or, elles ne le peuvent pas à ce moment là.
ROSE-Oui, c'est
bien pour ça qu'il nous faut plus de temps, c'est un t¥avail de longue haleine, de la patience, de la persévérance, le Centre est une maison de repos pour elles, chacune, à son rythme, reprend son souffle.
MARIE-Moi, je crois qu'il faudrait attendre avant l’entretien, en les détournant de leur mari, en les occupant à elles-mêmes, par elles-mêmes, ce serait une bonne coupure pour la cassure.
ROSE-On en revient au point
de départ, on prend le risque qu'elles voient leur mari hors de la structure, on perd là un temps précieux si on veut les impliquer dans leur vie de femme. Les rééduquer, et même les éduquer le plus souvent. Comme
disait Simone de Beauvoir, “on ne naît pas femme, on le devient ”.
MARIE-Il faut se servir de leur intelligence, de leur capacité, sans les désavouer, ni les détourner de l’essentiel “ ETRE UNE FEMME ”, et non une
mère en premier ressort, ce qui les renvoie automatiquement à la culpabilité de faire souffrir leur mari.
Scène II
Avant que Paulette n'entre.
Narrateur :
Paulette MARTEL n’a pas été en pension, ni,
chez sa tante Justine d'ailleurs, elle n’a jamais dit à personne qu'elle avait subi des attouchements sexuels, elle a bien trop honte. En cachant son calvaire, elle pensait l’avoir occulté. Malheureusement l’histoire
n’a fait que recommencer. Parce qu’on oublie pas, même si on y pense plus
Rose reçoit un appel pour la prévenir qu'on la demande. Elle fait entrer Paulette et Catie.
PAULETTE-Je m'appelle Paulette
MARTEL, c'est une amie de ma mère qui m'a donné une petite carte avec vos cordonnées. Mon mari s'est renfermé dans la maison avec un fusil, il menace de se suicider, je me suis enfuie, j’en peux plus, j’sais plus quoi
faire.
ROSE-Il vous a menacé ?
PAULETTE-Il a dirigé le fusil sur moi, il devient de plus en plus violent. C'est la semaine dernière qu'il a acheté son arme. J’ai peur. Quant il a appris que Catie était enceinte, il
s'est mis dans une colère terrible… Il m'a dit qu’elle doit se faire avorter.
ROSE-A combien de mois en est-elle ?
PAULETTE-Je ne sais pas, Catie ne me parle plus, elle se met à pleurer quand je lui pose des questions. (Dit-elle en faisant un signe de tête vers sa fille)
ROSE-Ca va aller Catie, ne t'inquiète pas, tu es en sécurité ici. Je suppose que tu ne prenais pas la pilule ma belle.
PAULETTE-Bah non, elle n’a que 14 ans. Elle est si jeune, je ne pensais pas qu’à son age
elle… Et puis il y a deux jours elle a fugué, c’est la mère d’une de ses copines qui m’a prévenue qu’elle était chez elle. C’est pas dans ses habitudes, je ne reconnais plus ma Catie.
Catie est renfermée
sur elle-même, elle parle lentement, doucement, on peut sentir en elle une grande culpabilité, elle est honteuse.
Catie se tient en boule dans le fauteuil.
ROSE à CATIE
-Catie, tu veux qu’on en parle ?
Catie ne répond pas.
ROSE-Tu as un petit ami ? (…) Tu sais, tu es en age d'avoir un copain. (…) Tu es dans quel collège ? (…) Je crois qu'il y a une autre jeune fille de ton
age dans l'hébergement, tu ne seras pas toute seule.
Catie ne répond toujours pas.
ROSE à PAULETTE- Catie tu préfères que ta maman sorte, ce sera peut-être plus facile pour toi.
Paulette se lève, caresse la joue de sa fille et sort.
ROSE-Tu veux un verre d'eau ? (…) Ta mère a l'air vraiment gentil avec toi, tu t'entends bien avec elle ?
Pas de réponse. Rose lui donne un verre d'eau.
ROSE-Et avec ton père ça se passe bien ?
Catie fond en larmes.
CATIE-J’croyais qu’il m’aimait bien, il me disait que j’étais sa petite princesse (…) moi j’étais contente. Mais un jour, il m’a
fait mal, (…) il y avait plein de sang dans le lit, j’ai crié, alors il m’a giflé, (…) il s’est mis en colère, il m’a dit que c’était normal et que je ne devais pas avoir peur.
ROSE-Tu avais qu’elle age ma douce ?
CATIE-11 ans. Il m’a dit de ne rien dire à personne, que c’était notre secret. A chaque fois que maman partait travailler la nuit, quand elle était de garde, elle est
infirmière… Moi quand j’ai vu le sang, j’ai eu peur, et puis j’ai eu mal aussi… Je voulais le dire à ma mère, mais…
Catie se tord les doigts.
ROSE-Tu ne dois pas avoir peur, ni honte, tu n’as rien fais de mal.
CATIE-Papa m'disait que j'étais plus jolie qu'elle, que c’est pour ça qu’il ne fallait rien dire, par ce qu'elle aurait eu de la peine.
J’voulais pas faire de peine à maman.
ROSE-- Si elle a de la peine, c'est pas à cause de toi, elle a besoin d’aide pour entendre ce que tu as à dire. C’est bien de poser des mots sur ce que tu as subi, c’est pas
facile d’en parler, tu es très courageuse.
Rose compose le numéro de la maternité
ROSE--Allo ? La maternité ? Ici le S.O.S. femmes Dordogne, je vous appelle pour une consultation en urgence.(…)
--Oui ! Une jeune fille de 14 ans, enceinte, mais il y a un autre problème il faudrait qu’elle voit un psychologue.(…)
--Je n’en ai pas parlé avec elle. Catie a besoin de beaucoup de soutien. Sa mère est là, je
l’informe de la situation et je vous les envoie.
ROSE-- Tu attends dans la salle d'attente Marie va venir te voir.
Rose va à la porte, informe Paulette derrière la porte et lui demande de s’asseoir.
Paulette entre en larmes
PAULETTE-Tout ça c’est de ma faute, j’avais tellement peur … Je n'y comprends plus rien, notre famille est maudite. Mon grand-père a tué ma grand-mère, mon père frappait ma
mère. Je ne le supportais plus, ma mère ne disait jamais rien. Je m'étais pourtant fais la promesse que
JAMAIS ! Au grand jamais… Je ne vivrai comme elle. Je lui en voulais de ne rien faire, de ne pas
partir. Pourquoi il a fallu que çaa lui arrive a elle aussi… Ma catie. (Paulette pleur dans ses mains)
ROSE-Vous avez d’autres enfants ?
PAULETTE-Non… Heureusement non. Mon père… Quand il avait bu… Et puis
passés dix ans, il ne me regardait plus comme d'habitude. A chaque fois que je devais rester seule avec lui j'en avais des nausées, j'avais mal au ventre… Je n'en avais jamais parlé avant, pas même au psy que je suis
allée voir pendant un an.
Paulette s'effondre. Rose se lève, fait le tour du bureau, s’accroupit et prend sa main.
ROSE-J'imagine que c'est difficile pour vous, on va vous aider, vous avez fait le plus
dur, partir, c'est un moment très douloureux à exprimer, parfois, on revit des moments pénibles de notre propre adolescence à travers nos enfants. Nos souffrances refont surface alors qu'on les avait complètement
occultées. Vous avez de la famille dans la région ?
PAULETTE-Ma mère est morte y il a trois ans d’un cancer du sein.
ROSE-Et votre père ?
PAULETTE-Il est mort l’année dernière… Quant à mon frère Bruno, il est
parti dès qu'il a eu dix huit ans, à sa majorité mon père l'a mis à la porte… J’ai su qu’il était à Paris pendant un moment, j’ai plus de nouvelles.
ROSE-Quelqu’un va vous accompagner, vous serez hébergée
avec une autre femme dans une maison. Il y a des ados, Catie ne sera pas seule, allez courage, Marie vous accompagne à la maternité, vous allez pouvoir poser vos valises.
PAULETTE-Je n'ai pas de valise.
ROSE-Je
voulais dire que vous pourrez vous reposer. Vous verrez avec Angélique, elle vous donnera des serviettes de toilette, pour les vêtements on a ce qu'il faut à la buanderie, vous choisirez ce qui vous plait.
PAULETTE-Merci madame.
ROSE-Appelez-moi Rose, allez, courage.
Rose raccompagne Paulette à la porte et voit Laurence qui arrive.
Scène III
Laurence entre en scène.
LAURENCE-Bonjour,
c’est l’assistante sociale qui m’envoie, j’suis allée la voir ce matin parce que, j’en peux plus, j’suis fatiguée… Fatiguée… Fatiguée… Hier soir mon mari est rentré tard, il était saoul. Moi j’étais au lit, je faisais
semblant de dormir, mais il est venu dans la chambre et a allumé la lumière, et a hurlé “ DEBOUT ! ” Il a enlevé les couvertures, m’a ordonné de lui faire à manger. Moi je lui ai dis que j’étais fatiguée, alors il
m’a attrapé par les cheveux et m’a tiré jusqu’a la cuisine. Il m’insultait, hurlait de lui faire la bouffe. J’ai craqué, j’étais tellement en colère que j’ai tout balancé, la poêle, les assiettes, tout ce qui se
trouvait à portée de main.
ROSE-Vous êtes violente parfois ?
LAURENCE-De plus en plus souvent oui… Je ne supporte plus qu’il boive. Depuis que j'attends mon bébé, il est devenu complètement cinglé. Avant que je ne
sois enceinte tout se passait bien, enfin, il m'avait donné une gifle, une fois mais il était sur les nerfs, d'ailleurs il s'était excusé après, il m'avait promis de ne plus recommencer, et puis il y en a eu d'autres,
des coups de poing, des coups de pied. Je ne veux pas que mon enfant soit handicapé à cause de lui.
ROSE-Vous avez pris des coups dans le ventre alors que vous étiez enceinte ? C'est intolérable, mais qu'est-ce que
c'est que ces mecs enfin ?
LAURENCE-J'ai passé une échographie, le petit est faible, le gynéco m'a donné des vitamines et du calcium parce que je tombe souvent dans les pommes.
ROSE-C’est une fille ou un garçon ?
LAURENCE-C’est un garçon… J'en suis à six mois… Vous savez, hier soir, quand je lui ai montré son assiette dans le micro-ondes, il n’avait qu’a tourner le bouton, il est
devenu fou furieux, il m’a fait tomber et m' a gueulé de me relever, je ne pouvais plus bouger, il m'a arraché ma chemise de nuit et...
ROSE-On va appeler le médecin.
Laurence pleure, se cache le visage dans les mains.
ROSE-Vous verrez avec Angélique s'il vous manque des vêtements. On a de la layette pour les nouveau-nés. Le Dr Kalfon viendra vous voir dans la maison.
LAURENCE-J'avais acheté tout ce qu'il fallait pour le petit, j'espère que je pourai le récupérer. Ce matin j’ai attendu qu’il parte au travail pour aller voir Mme Lucien c'est l'assistante sociale de mon village,
elle m'a conseillé de venir vous voir.
ROSE-Vous savez que nous ne sommes pas des assistantes sociales, le centre est un lieu ou vous êtes protégée, si vous préférez que personne ne sache que vous y êtes, nous
respecterons votre choix. Il reste des places disponibles. Angélique vous donnera des vêtements s’il vous manque quelque chose.
Les lumières s’éteignent dans le bureau.
Scène IV
Avant qu'Almira n'entre.
NARRATEUR :
Cela fait quinze ans maintenant que Catie MARTEL est directrice d'un centre quelque part en France. Elle a brisé les chaînes de la répétition infernale de l'histoire
de sa famille. Bien sûr, cela n'a pas été facile tous les jours, mais Catie a trouvé la clef qu'elle avait jetée au fond de son cœur. Peut-être qu'un jour vous pousserez la porte et qu'elle vous accueillera, alors ce
jour, vous aurez fait le pas le plus dur. Les autres seront guidées par Rose, Marie et bien d'autres. Les femmes sont toujours aussi nombreuses à venir en urgence. Almira à débarqué de ces pays où nous rêvons de partir
en vacances, où le soleil cuit la peau, où il n’y a pas d’argent, il n’y a que des odeurs, celles des épices, celles de la malice, du bois-bander, de l’ébène noir et dur. Des hommes qui font des enfants aux femmes.
Elles donnent le sein qui ne tarit jamais. Dans leur ventre, sur leur dos elles portent les hommes. Almira est triste. Elle a vu Paris. Elle a travaillé... Travaillé... Travaillé... Almira n’est pourtant pas venue sur
un négrier. Elle n’a vu de Paris que les rues sombres, Les couloirs de métros, les gens sans nom qui courent pour ne pas rater le "vingt heures". Les blancs n’ont pas changé, Almira a travaillé.
Almira arrive dans la maison, Débora se lève et enlève son walkman.
Débora est très extravertie, elle est drôle, quand elle raconte son histoire c'est presque un sketch, on peut voir dans son
comportement qu'elle a fait son chemin,elle est détachée et a suffisamment de recul pour dédramatiser ce qui lui est arrivé, elle est prête pour partir.
DEBORA-Bonjour, tu veux un café ?
Almira pose
son sac dans un vacarme de bruits de casseroles, des objets insolites tombent, puis, s’installe à table. Débora prépare le café, regarde avec amusement et, voyant un pagne africain elle se le met devant, et
tout en se tortillant.
DEBORA-Et ben ma cocotte, tu d’vais pas t ‘ennuyer avec ton mari, il est noir ?
ALMIRA-Non, il est blanc mais il m’en a fait voir de toutes les couleurs.
Joséphine arrive avec une serviette sur la tête.
JOSEPHINE-Salut ! Moi, mon mec, un jour, il a “ pété les plombs ”, il était rouge de colère, moi j’étais verte de rage, il s’est jeté sur moi.
DEBORA-Et t’as eu une peur bleue.
JOSEPHINE-Tu ne crois pas si bien dire !
Sur ces mots, elle enlève la serviette de sa tête, elle a les cheveux bleus.
JOSEPHINE-J’me suis tirée à vitesse “ grand V ”, oui !
ALMIRA-T’as une voiture ?
JOSEPHINE---Ouais ! Une FERRARI... diesel... Ce nase, je voyais bien qu’il n’allait pas bien dans sa tête. Quand je
l’ai rencontré, il venait de se faire larguer. J’ai voulu l’aider, je croyais qu’avec de l’amour, il irait mieux…
DEBORA-Tu voulais le soutenir..
JOSEPHINE-Oui, mais en fait, j’allais plus mal que lui, bref… J’ai
fait des efforts, j’ai même voulu aller bosser pour ramener un peu de blé, alors là, tintin, il me disait TA PLACE C’EST A LA MAISON.
DEBORA-Pourquoi t’es pas partie quand t'as vu ça ?
JOSEPHINE-Ben, je croyais
qu’il allait se calmer, il me disait de m’occuper du petit, que j’avais que ça à foutre, et puis il ne m’avait jamais frappé, juste bousculé comme ça, quelques fois, moi je me disais que s'était de ma faute, et puis
qu'il avait peut-être des problèmes à son travail.
ALMIRA-Ca commencé comment ?
JOSEPHINE-Quand mon fils a été à l’école j’ai voulu retourner bosser, j'en avais marre d’être à la maison. J’me sentais inutile, nulle,
une potiche quoi.
ALMIRA-Moi aussi j’avais l’impression d’être un vase, (Posant ses bras sur ses hanches, comme pour faire les anses) mais sans les fleurs dedans (En se tapant sur la tête)
JOSEPHINE-Attends ! Et je te dis pas, quand il me parlait de sa mère. “ MOI MA MERE ELLE SAIT FAIRE LA CUISINE, C'EST PAS COMME TOI ” Ou alors “ LES CHAUSSETTES TU LES ATTACHES ENSEMBLE QUAND TU LES LAVES,
SINON, IL Y EN A TOUJOURS UNE QUI SE FAIT LA BELLE ”. Et ça, c'était rien. Tout le temps, à me rabaisser, à m'humilier en public.
DEBORA-Tu disais rien toi ? Bah ! Pourquoi ?
JOSEPHINE-Même sa mère elle s’y mettait.
“ IL A MAIGRI MON FILS DEPUIS QU’IL N’EST PLUS A LA MAISON ”, elle venait avec ses “ tuperweers ”. Tu sais pas ce qu’elle avait le culot de dire, “ IL AVAIT DU SUCCES MON FILS AVEC LES FILLES, IL N’AVAIT QU’A LES
REGARDER POUR QU’ELLES TOMBENT A SES PIEDS ”. Cette vieille couenne, je l’aurais bien fais griller comme un cochon. Ils me faisaient tout les deux passer pour une folle, et je finissais par le devenir.
DEBORA-Moi c’est ses “ tuperweers ”, je lui aurais fais bouffer à cette mégère.
JOSEPHINE-Je me renfermais sur moi-même, j’sortais plus, même pour faire les courses c’était le parcours du combattant.
DEBORA-Tu m’étonnes, avec des cons pareils.
JOSEPHINE-Tu vois, ça fait quinze jours que j’suis là, à réfléchir, et ben, j’suis en pleine torpeur. Ma tête me dit de ne pas retourner avec lui, et mon cœur a envie de
crier “ JE T’AIME ” et de le gueuler aussi fort que Lara FABIEN.
ALMIRA-Tu l’aimes ?
JOSEPHINE-J’ sais pas, depuis que je suis là, il n’arrête pas de me dire qu’il m’aime lui et c’est dur de le repousser.
J’sais plus QUI j’suis. UNE FEMME... UNE AMANTE... UNE MERE ... UNE POUBELLE ? ? ?
DEBORA-Ho là... Ho là... Du calme. J’sais où il est ton problème ! T’es mal baisée. Moi, le mien, il est militaire, position du
missionnaire, t’as vite fait d’aller voir les autres mecs du contingent, et quand tu te prends un bataillon, tu t ’poses plus de question.
ALMIRA-Hou... LA... LA... LA... Moi, je n'ai pas envie d’entendre.
Almira fait mine de partir tout en parlant dans sa langue.
JOSEPHINE-T’inquiète pas, on délire, il vaut mieux déconner que de se prendre la tête.
DEBORA-Moi le mien, un jour il a hurlé, “ QUAND JE
PRENDS UN ENGAGEMENT, C’EST POUR LA VIE ”, je te dis pas MI-LI-TAIRE. Une fois, il faisait un froid de canard, 10° dans la maison. Je lui ai demandé de monter le chauffage. Il m’a dit. “ SI T'AS FROID ! TU METS UN PULL
DE PLUS ! ” Illico, j’suis allée enfiler ma combinaison de ski, et je l’ai gardée toute la journée.
ALMIRA ET VERO-(en cœur) TOUTE LE JOURNEE !!!
DEBORA-Oui, il me regardait passer, parce que je faisais exprès, avec des grands mouvements, tu vois le genre...
Débora montre aux filles comment elle faisait.
DEBORA-Il me disait “ J’SUIS PAS UN TORTIONNAIRE QUAND MEME ! ”
ALMIRA-Et ben dis donc, toi non plus tu ne devais pas t’ennuyer.
DEBORA-- MI-LI-TAIRE ! Attends ! La bouffe pour la semaine, c’était
compter pil-poil, il me disait “ TU SORS TROIS TRANCHES DE JAMBON DU CONGELATEUR ! PAS QUATRE ! TROIS ! PAS DE GASPILLAGE ! MEME DANS UN FRIFO !
JOSEPHINE-Et, quand est-ce que t’es parti ?
DEBORA-Ha... Et ben, c’est
quand il a pris la maison pour un “ bunker ” et qu’il tirait sur tout ce qui bougeait, depuis, il a changé de régiment c’est plus la CASERNE c’est la PRISON.
Sur ces mots le portable de Débora sonne.
DEBORA-Allo... Allo... C’est toi, il te laisse téléphoner de la prison, purée, ils sont plus cool qu’a la caserne, bon qu’est-ce que tu veux ?
Elle fait des signes aux copines, pour montrer qu’elle est la plus forte, puis redevient
sérieuse.
(...)--1OOO balles ! Et tu veux que je les trouve où, moi ? (...)
--La C.A.F. ? (...)
--Le cinq... OUI... OUI... On est bientôt le cinq, et alors ? (...)
--La cantine ? Quelle cantine ? (...)
Cantiner ! Ca veut dire quoi cantiner ? (...)
--Avoir de l’argent pour se payer des cigarettes, du café, le nécessaire pour la toilette ! (...)
--Que je te fasse un mandat ? Ben voyons ! (...)
--Je te rappelle qu'on divorce ! Alors, t’as qu’à demander à
ta mère, parce que moi, j’ai des trucs à payer, sans compter que je dois tout racheter parce que… C'est plus des meubles, c'est des passoires. ( ...)
--Oui... oui... Je sais, des menaces, des menaces
toujours des menaces, depuis le temps, que tu veux me tuer. Occupe-toi de tes oignons et LAISSE MOI TRANQUILLE !
Sylvie raccroche, et lance un grand soupir ? Voyant arriver Aurélie.
SYLVIE-Ha ! Tu tombes bien, je voulais te voir.
Scène V
Aurélie est une gamine qui vit l'instant présent, elle parle fort et prend beaucoup d'espace sur scène.
Aurélie entre bruyamment en scène, elle s’affale sur une chaise.
AURELIE-J’en ai marre, je vais toutes les éclater.
JOSEPHINE-Qu’est-ce qu’y t’arrive ?
AURELIE-Elles ne veulent pas me donner de fric, j’ai plus rien, t’as pas une clope ?
JOSEPHINE-Tiens prends.
DEBORA à Aurèlie-Tu vas au club-danse samedi ?
AURELIE-Je n'ai pas de friiic !
DEBORA-J’ai des entrées gratis !
AURELIE-Ouais ! Super ! J’vais m’éclater ! Ho ! Ma chérie… Bisous… Bisous… Bisous… La dernière fois, avec ma copine, on s’est super bien éclaté, et puis on s’est fait virer, parce que
y a Gégé qu’a piqué la meuf à Dédé, ils se sont bastonnés, on s’est retrouvé dehors.
JOSEPHINE-Les videurs vont vous reconnaître !
DEBORA-Tu rigoles !
Prenant ses seins dans ses mains, elle jette à Aurèlie un sourire complice.
AURELIE-Le poids des lolos, le choc des cocos !
ALMIRA-On est combien dans cette maison ? (dit-elle les yeux écarquillés)
JOSEPHINE-Trois familles, Aurèlie ne vit pas là, c'est la mascotte du S.O.S.
AURELIE-C’est quoi une mascotte ?
JOSEPHINE-T’occupe, c’est pas méchant (En lui tapant dans le dos).
DEBORA-T’inquiètes, Almira les premiers jours on est un peu déboussolé, la vie en communauté c’est pas facile, moi j’ai l’habitude MI--LI-TAIRE ! Le temps que tu trouves tes marques, ça ira mieux une fois installée.
J’vais te montrer ta chambre, tu viens ?
Débora et Almira sortent.
AURELIE-Tu me fais un café ?
Joséphine prépare le café.
JOSEPHINE-Philipe doit venir tout à l’heure pour un
entretien de couple, on a rendez-vous avec la directrice, ça me gonfle d'avance…
AURELIE-Il y a un mec qui attend à l’accueil.
JOSEPHINE-Il est comment ?
AURELIE-Il est grand, blond, avec des lunettes rondes.
JOSEPHINE-C’est lui, j’y vais !
Joséphine sort, les lumières s’éteignent et s'allument dans le bureau.
Scène VI
Phillipe dans un premier temps est très amoureux, il tente de faire revenir
Joséphine, puis voyant que cela ne marche pas, il se met en colère, il crie, invective Catie comme si c'était de sa faute que Joséphine soit partie.
Joséphine et Philipe entrent dans le bureau.
CATIE-Bonjour, asseyez-vous. Joséphine tu en es où aujourd’hui ?
JOSEPHINE-Je suis allé voir un avocat pour faire une demande de divorce.
PHILIPE-Non, pas ça, reviens c’est pas ta place ici. Reviens à la maison, qu’est-ce que je vais faire sans toi ? Je t’aime !
JOSEPHINE-Tu te débrouilles, c’est plus mon problème.
PHILIPE-Aller bibiche calme-toi, ça va s’arranger.
Et, il pose sa main sur la cuisse de Joséphine qui l’enlève aussitôt.
PHILIPE-Je t’ai acheté un lave-vaisselle.
JOSEPHINE-Ah ! Maintenant que j’suis partie, t’as besoin d’un lave-vaisselle !
PHILIPE-Mais non ! C’est pour toi mon amour, j’ai refait toute la salle de bain, j’ai posé le papier que tu voulais ? Tu sais, celui avec
les petites fleurs. Allez ma pu puce reviens, j’ai fait tout ce que tu m’as demandé.
JOSEPHINE-TROP TARD !
PHILIPE-Allez, ma puce, calme-toi, ça va s’arranger. J’ai compris maintenant, tu peux revenir.
JOSEPHINE-T’as rien compris ma parole ! Je ne reviendrai pas ! T'entends ? C'est fini !!
PHILIPE-C’est pas la première fois qu’on s’engueule, je t’aime, je ferai tout pour toi.
JOSEPHINE-J’te dis qu’il est trop tard, JE NE VEUX PLUS VIVRE AVEC TOI !
PHILIPE-Tout ça parce qu'on s’est chamaillé au sujet de ta mère. C’est vrai reconnais qu’elle est chiante TA MERE !
JOSEPHINE-Chamaillés ! Chamaillés ! J’ai une incapacité de travail de dix jours et tu me dis CHAMAILLES !
PHILIPE-Je t’ai pas touché, t’es tombée toute seule, rappelle-toi, tu t’es pris le meuble.
JOSEPHINE-Mais bien sûr !
PHILIPE-(S'adressant à Rose) Je vous jure, m’dam, elle est tombée, elle a glissé.
CATIE-Visiblement, il y a un problème Philipe, vous n'avez pas à frapper, qu'est-ce que c'est que
cette histoire, il faut reconnaître qu’il y a de la violence dans votre couple, vous ne pourrez rien régler comme ça. Il faut apprendre à communiquer autrement, vous ne pouvez pas passer votre temps à hurler, Philipe,
j’entends votre souffrance, mais il faut reconnaître que quand Joséphine est arrivée, elle n’était pas bien.
PHILIPE-Oui, je sais qu’elle n’est pas bien (Faisant un signe de son index sur sa tempe)
Elle n'a pas le droit de partir, on est marié. Et les enfants, ils sont où les enfants ? Elle n’a pas le droit de les emmener.
CATIE-Ne vous inquiétez pas pour vos enfants ? Ils sont bien entourés ici, et vous le
savez. Il faut que vous puissiez vous parler, la violence ne résout rien.
PHILIPE-(Philipe se lève d'un bond).
Toi ! J’te donne huit jour pour revenir, sinon… J’en prends une autre t'entends ! Et faudra pas venir pleurer. De toutes façons ! VOUS ! (Montrant Catie du doit)
vous êtes pour les bonnes femmes ici ! C’est une secte votre truc ! Vous leur montez la tête aux bonnes femmes, elle n’est pas comme ça d’habitude.
Philipe sort en claquant la porte.
CATIE-Ne t’inquiète pas, il va se calmer, on a l’habitude, il faut que tu t’occupes de toi à présent.
JOSEPHINE-J’en peux plus, je suis fatiguée, tout se mélange dans ma tête. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi,
j’en suis là ? Ca fait trois fois que je me plante, avant Philipe, c’était Eric et encore avant c’était Yves. A chaque fois c’est la même histoire.
CATIE-Comment l'as-tu rencontré ?
JOSEPHINE-Je vivais avec Eric.
Philipe était notre voisin, il était seul depuis trois mois, il semblait triste et ça me faisait mal au cœur. Il venait tous les soirs à la maison et se mettait à pleurer.
CATIE-Il pleurait ? Pourquoi ?
JOSEPHINE-Il critiquait son ex, Eric me disait que j’étais trop gentille et qu’il n’avait que ce qu’il méritait. Moi, je lui lavais son linge, quelquefois, je lui faisais la cuisine. Philipe m’offrait des fleurs pour me
remercier. Il me disait que j’étais sa reine et que sans moi, il ne s'en sortirait pas. C’est pas Eric qui m’aurait offert des fleurs.
CATIE-Et au bout de combien de temps avez-vous vécu ensemble ?
JOSEPHINE-Deux
mois. Eric était parti en déplacement, enfin c’est ce qu’il me disait, parce qu’en fait, c’est chez ma meilleure amie qu’il était. Et moi comme une imbécile je me confiais à elle, je lui avais appris qu’Eric m’avait
collé une torgnole, j’avais la lèvre ouverte. D’ailleurs, c’est ce jour là qu’il m’a demandé de vivre chez lui.
CATIE-Et c’est ce que tu as fais.
JOSEPHINE-Oui, j'ai tout laissé.
CATIE-Bon essaye de te reposer, je sais que ce n'est pas facile, mais si ça ne va pas, n’hésite pas, viens me voir.
Catie raccompagne Joséphine à la porte.
Scène VII
Débora chante, met avec
hâte des vêtements qui débordent d'une valise, Joséphine et Almira qui a une bassine sur la tête entre en scène.
DEBORA-J’ai trouvé un appartement, super ! Je vais pouvoir être enfin chez moi, la-la-la-
ALMINA-Alors, ça y est, tu pars ?
DEBORA-Oui, j'ai un super appart, grand, ensoleillé, il y a même un balcon, elle n'est pas belle la vie ?
JOSEPHINE-Quelle chance, vivement que moi aussi j'ai une maison.
DEBORA-Ca va venir, chaque chose en son temps.
ALMINA-Tu nous inviteras dis ?
DEBORA-Mais bien sur ma cocote la la la la…
JOSEPHINE-bon ça va ! T'es peut-être pas obligée de chanter, pense à celles qui restent.
Débora prend Joséphine par le cou.
DEBORA-Allez pleure pas ma cocotte, ton tour viendra. Almira t'as une bassine sur la tête c'est normal ?
Almira pose la bassine sur la table, et commence à étendre le linge qui est dedans sur le séchoir.
ALMIRA-Moi je suis bien ici j'ai la machine à laver le linge, le micro-onde, l'aspirateur, un vrai palais.
DEBORA-Tu déconnes ! Attends un peu d'avoir ton appart, tu vas savoir ce que c'est que le bonheur.
JOSEPHINE-Ingrate !
DEBORA-Non ! Réaliste. Il y a l'avant S.O.S. Et il y a l'après S.O.S. Il faut être prêtent les
filles, regarde, MOI. Avant je mettais des culottes Petit Bateau, et maintenant regarde.
Débora sort une culotte super sexy de son sac.
JOSEPHINE-HOUA !!
Almira qui à cette instant même mettait une culotte énorme sur le séchoir, tente de la cacher derrière son dos.
JOSEPHINE - Ha, j'suis choquée !
DEBORA-Hé ! T'es pas obligés de la montrer, et encore moins de
l'enlever. Le mec quand tu le rencontres, il doit lire dans tes yeux "en boucle" MON CORPS M'APPARTIENT ! Il ne faut même pas qu'il est le temps de penser qu'il a une capote dans la poche de son j'ean, si non,
c'est sur son nez qu'il peut se la mettre.
Almira fait voler la culotte par-dessus le décor derrière le dos des filles.
DEBORA-Bon ! Les filles c'est pas que je m'ennuie mais j'ai du temps à rattraper.
Débora sort de scène tout en chantant.
ALMIRA-Qu'est qu'elle a voulu dire par "t'es pas obligée de l'enlever ? "
JOSEPHINE-Je ne sais pas mais, il faut que je parle avec Catie.
Joséphine sort de scène avec un air entendu
Scène VIII
Joséphine arrive dans le bureau où Catie est occupée à écrire.
JOSEPHINE -Il y a un truc qui me trotte dans la tête, je peux te parler ?
CATIE -Oui, bien sur, vas-y, je t'écoute.
JOSEPHINE - Voilà, j'ai besoin d'en parler parce que… Je ne l'ai jamais fait, et ça me ronge… Quand j'avais 15 ans… Je me suis fait violer… Et je me demande s'il n'y a pas un rapport avec tout ce qui m'arrive.
CATIE-En imaginant que ce soit le cas ?
JOSEPHINE-Tu crois que je devrais voir un psy ?
CATIE-Si tu es prête, cela peut te faire comprendre pourquoi tu as eu ce chemin de vie, tu n'es pas responsable de ce que tu
as vécu, simplement, tu dois apprendre à choisir tes partenaires sur d'autres critères.
JOSEPHINE-Quels critères ? Je ne pense pas, que, je les choisis autrement qu'avec mon cœur.
CATIE-Est-ce que le cœur n'est pas le sexe aussi ?
JOSEPHINE --Je ne comprends pas.
CATIE - Je veux dire que la première fois, la première rencontre, c'est physique, soit, tu es attirée, soit, tu n'es pas attirée.
JOSEPHINE-Ouais, mais de là à dire que je fais "exprès" d'aller avec des mecs violents, il y a une marge.
CATIE-Bien sur que non tu ne le fais pas exprès, c'est inconscient, moi, je crois que dès la première
rencontre il y a un détonateur, suivi d'un mécanisme qui s'enclenche, une sorte de suicide par procuration, souvent les femmes agressées sexuellement tentent de se suicider.
JOSEPHINE-C'est vrai, moi aussi j'ai fai une tentative. Effectivement j'étais plus tirée vers le bas que vers le haut avec eux.
CATIE-Est-ce que tu ne l'as pas senti ça, honnêtement ? Est-ce qu'il n'y avait pas une
voix qui te mettait en garde ? Un signal ? Une petite puce à l'oreille ?
JOSEPHINE-T'as raison, c'était pas une petite puce à l'oreille que j'avais, c'était un porte-voix, ma famille faisait écho. SURTOUT NE VAS PAS
AVEC CE MEC LA ! IL EST BARGE !
CATIE- Et toi qu'est-ce que t'as fait ?
JOSEPHINE- J'y ai couru, et plus vite que la musique.
CATIE- Et voilà ! Le mec c'est l'allumette, et toi t'es la mèche. Tu t'enflammes.
JOSEPHINE-- Houa ! C'est de la dynamite ! Boum !
CATIE--Le pire, c'est la culpabilité qui t'habite, parce que tu crois avoir provoqué ce qui t'es arrivé, tu veux te punir d'une faute que tu supposes avoir
commise, là, je te parle d'un viol ou des attouchements, tu vois, d'un acte que tu as considéré comme un viol. Tu restes une adolescente, une "femme enfant". Je te parlerai bien du complexe du homard que
Françoise Dolto explique si bien, mais ce serait trop long.
JOSEPHINE- Mais, attends un peu, je croyais que l'on reproduisait ce que l'on avait vécu ?
CATIE-. Je suppose qu'il y avait au moins un de tes parents qui était violent ?
JOSEPHINE- Oui, tu peux le dire, qu'est-ce qu'on s'est pris, et ma mère… Je ne t'en parle même pas.
CATIE- Si, si, au contraire
parlons-en. Imagine que ta mère ait été victime de violence sexuelle, et qu'elle ait construit un couple sur la base d'autodestruction, de suicide par procuration, de violence. Toi tu as grandi dans ce contexte.
JOSEPHINE-Tu veux dire que s'il existait un "profil type" de femme victime de violence, ce serait d'avoir subitune agression sexuelle ?
CATIE-Je ne sais pas si l'on peut dire, un "profil type", il
n'y a aucune étude qui soit faite à ce jour, tout ceci n'est qu'une hypothèse fondée sur les témoignages des femmes qui viennent en hébergement, il faudrait faire un travail de recoupement.
JOSEPHINE-Oui, ben en attendant les coups c'est nous qui les prenons !
CATIE-C'est pour ça qu'il faudrait créer des structures pour ces hommes, et puis surtout travailler en commun avec un personnel MIXTE, faire
bouger les politiques; nous ne sommes plus en 1968. Il faut continuer le combat, et pas seulement sur le plan national, il faudrait une mobilisation massive, qu'ensemble, les politiques, les sociologues, les
travailleurs sociaux, la sécurité, la justice fassent enfin un conseil DE famille.
LES RIDEAUX SE REFERMENT
AUGUSTINE-Hé ben ! C'est quand même pas trop tôt ! Les jeunes ! Y n'veulent jamais écouter
les anciens. Bon ! Maintenant, direction l'Élysée, on va voir si Jacques n'a pas peur des fantômes. Allez viens Charles, (Françaises Français je vous ai compris "voie off") oui on sait, on sait général, venez,
je vais vous présenter Bernadette, vous avez des pièces jaunes, regardez bien dans le fond de vos poches, parce que moi, mes sous, je l'ai ai planqués dans le mur. (La voix se fait de plus en plus lointaine).
Donnez-moi votre avis !!! merci Christ'ailes